Des Journées funestes
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berlinoises en 1945
femmes dans les ruines de berlin en 1945

Nous savons que quelques époux furent forcés d'assister au viol de leurs femmes; on les' laissait parfois en vie, d'autres fois on les tuait. Quelques-uns n'ont jamais surmonté ce traumatisme psychique.
Mais les autres, l'immense majorité des hommes allemands s'abritaient derrière le dos des femmes; certains avaient peur et étaient d'une lâcheté défiant l'imagination ; les femmes avaient peur aussi, mais elles étaient d'un courage exemplaire ! C'étaient elles qui sortaient des caves pendant les bombardements et les tirs d'artillerie pour chercher de l'eau, pour faire la queue en quête de quelques vivres.
Avec rien, elles confectionnaient des repas, préparés au feu de bois; elles qui avaient l'habitude de faire la cuisine au gaz et à l'électricité, se mettaient à la recherche de brindilles. Elles cachaient les jeunes filles et les défendaient contre les soldats soviétiques, parfois en se sacrifiant elles-mêmes 1 Elles apportaient de la soupe aux hommes alités pour des coliques hépatiques ou néphrétiques qui duraient le temps du danger (les femmes ignoraient ce genre de coliques 1) Elles clouaient des planches aux fenêtres sans carreaux; elles déblayaient la ville en gardant dans une certaine mesure leur bonne humeur.

Plusieurs textes affirment que les Berlinoises considéraient les récits de viols par les soldats soviétiques dans les territoires occupés par eux, et surtout en Prusse-Orientale, comme de la propagande nazie, si bien qu'elles étaient mal préparées au danger qui les menaçait.
. On notait que les soldats soviétiques s'acharnaient contre les femmes et jeunes filles surtout pendant les premières heures et les premiers jours de l'occupation; d'autres, en revanche, prétendent que les combattants de la première vague se sont comportés correctement et que ce furent les unités d'occupation qui mirent la ville à feu et à sac. Selon ces derniers témoignages, les journées les plus funestes furent celles qui suivirent les deux premiers jours.
Mais ce n'était certainement pas la règle : tous les témoignages concordent pour affirmer que les premiers soldats de l'armée Rouge se précipitaient déjà, une torche électrique à la main, dans les caves pour s'emparer aussitôt de leurs victimes.
OÙ étaient passés les hommes allemands qui auraient dû défendre leurs femmes? Nous savons que le célèbre acteur Friedrich Kayssler fut abattu d'un coup de pistolet parce qu'il était intervenu contre l'agresseur de sa femme de ménage. Nous savons qu'une demi-douzaine de Berlinois (parmi des centaines d'autres) payèrent leur courage de leur vie. Nous savons qu'une douzaine d'autres réussirent (en réalité, il y en eut probablement quelques centaines) à préserver leurs femmes et d'autres femmes, en usant de circonspection et de ruse. Friedrich Luft raconte :
La maison voisine s'était écroulée la veille, fauchée par un obus. Trois personnes avaient péri dans le sous-sol. J'ignore ce qui nous poussa à les retirer des décombres : probablement le goût bien connu de l'Allemand pour le travail bien fait. Nous avons donc récupéré les corps pour les déposer dans notre jardin; là nous les avons couverts d'un tapis.
Plusieurs jours de suite, je jouai aux Russes la même comédie macabre : je les conduisais au jardin, pendant que nos femmes se cachaient dans les combles et, retirant le tapis, leur montrais deux cadavres de femmes en éclatant en sanglots. Je constatais, non sans émotion, que les Russes fondaient également en larmes et m'offraient parfois, en se signant de la croix (qu'ils portaient sur eux), un simple morceau de pain. Ensuite, ils s'en retournaient, tout remués, probablement à la recherche d'autres partenaires. Mais nos femmes durent leur sécurité, du moins momentanée, à ce stratagème.

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